S’émerveiller du simple fait d’être vivant

Ces lignes sont nées d’une réflexion simple, mais essentielle : dans un monde où tout va vite, où la performance semble dicter nos pas, comment retrouver le goût de la présence ?
Dans mes accompagnements en développement personnel et en hypnose imaginale, j’observe souvent à quel point nous avons perdu le lien avec cette évidence : être vivant, tout simplement.

S’émerveiller d’être en vie devrait sembler naturel. Après tout, qu’y a-t-il de plus extraordinaire que ce simple fait : exister, respirer, sentir battre son cœur ? Pourtant, au quotidien, cet étonnement et la gratitude nous échappent souvent. Nous passons plus de temps à poursuivre des objectifs extérieurs qu’à nous réjouir de ce qui est déjà là. Pourquoi un tel éloignement ?

Quand la vie devient invisible : l’habitude qui éteint l’émerveillement

Une première explication réside peut-être dans l’habitude. Ce qui nous est donné chaque jour finit par paraître banal. Nous respirons, nous voyons, nous parlons, et nous n’y prêtons presque plus attention. L’évidence devient invisible, comme si la vie n’était qu’un décor silencieux derrière nos préoccupations.

Nos habitudes anesthésient souvent notre émerveillement. Nous ne voyons plus la beauté de l’ordinaire : un souffle, une lumière, un silence. Pourtant, retrouver une relation consciente à soi commence ici — dans la capacité à regarder autrement ce que nous pensions connaître.

L’urgence de faire : quand la performance étouffe la contemplation

À cela s’ajoute la pression du temps et des attentes. La société valorise l’action, la performance, la comparaison. Nous vivons happés par ce qu’il « faut » accomplir, par le besoin constant de prouver ou de réussir.

Dans cette course, la contemplation paraît inutile, presque suspecte, comme si prendre le temps de savourer la vie était une perte de temps.

Dans nos vies saturées d’injonctions, ralentir devient un acte de résistance. Se réapproprier son rythme, c’est déjà une forme d’accompagnement intérieur. Prendre le temps d’une pause, d’une respiration consciente, c’est rouvrir la porte à la présence, la gratitude et la simplicité.


Le poids des préoccupations : retrouver la clarté derrière les nuages

Vient ensuite le poids des préoccupations, sans doute pour moi l’un des obstacles les plus lourds. Les soucis, les angoisses, les blessures personnelles occupent une place immense dans notre esprit. Le mental s’encombre : on regrette hier, on redoute demain, et l’instant présent devient introuvable. Les difficultés matérielles ou affectives nous amènent parfois à réduire l’existence à une lutte pour « tenir », en nous privant du regard émerveillé. 

Pourtant, ces préoccupations ne détruisent pas notre capacité à nous étonner : elles la recouvrent seulement, comme un nuage masque le soleil sans jamais l’éteindre.

Dans un travail sur la reconnexion à soi, qu’il passe par l’hypnose ou par des outils d’écoute intérieure, il ne s’agit pas de nier les épreuves mais d’apprendre à les traverser sans s’y perdre. Sous le poids des nuages, la lumière reste intacte.

La culture du manque : quand “être” ne suffit plus

Enfin, il faut évoquer la culture du manque, qui pousse sans cesse à vouloir « plus » : plus d’objets, plus de reconnaissance, plus de sensations. Dans ce climat, se contenter d’être vivant paraît dérisoire, presque naïf. On oublie alors que la vie, dans sa nudité même, est un don rare et fragile.

Nous vivons dans une société qui mesure la valeur à l’aune du faire, du posséder, du paraître. Et pourtant, l’équilibre intérieur ne se trouve pas dans l’accumulation, mais dans la reconnexion à l’essentiel : la sensation d’exister pleinement, ici et maintenant.

Retrouver l’émerveillement : une présence à cultiver

Mais ce constat n’a rien de désespérant. Car si l’émerveillement se perd, il peut aussi se retrouver. Il n’est pas un état permanent, mais un choix de regard. S’arrêter un instant, écouter le silence, sentir la chaleur du soleil ou la douceur d’une respiration : voilà de petites portes vers la gratitude.

Derrière le voile des préoccupations, la vie demeure intacte, prête à être reconnue.

Ces instants suspendus sont de véritables expériences de présence. Dans mes accompagnements, je les considère comme de petites initiations à la joie d’exister. Chaque souffle peut redevenir un point d’ancrage, chaque sensation, une invitation à revenir à soi.

L’ordinaire comme un miracle

Ainsi, s’émerveiller du simple fait d’être vivant n’est pas fuir les difficultés, mais leur opposer une force discrète : celle de la reconnaissance. C’est se rappeler que, dans l’immensité de l’univers, nous avons la chance singulière d’exister, de penser, d’aimer. Et peut-être est-ce là le commencement de toute sagesse : apprendre à voir l’ordinaire comme un miracle.

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